Par Mathilde Hubert
Temps de lecture :

Structurer et dynamiser les initiatives autour de l'hydrogène à Strasbourg

L'hydrogène est au cœur de nombreuses recherches menées à Strasbourg, mais qui s’opèrent de manière indépendante. Ainsi, un groupe s'est formé pour organiser un événement transversal majeur, le 17 juin dernier, avec une volonté d'investir et d'élargir le spectre des actions en rapport avec l'hydrogène au niveau local, mais aussi national voire international. Les principaux organisateurs reviennent sur les enjeux et perspectives de ce domaine.

Décarbonation des secteurs industriels, stockage ou transport d’énergie, production de chaleur… Autant de défis que les recherches sur l’hydrogène pourraient relever. C’est pour mettre en lumière l’étendue des forces strasbourgeoises sur la question de l’hydrogène que Laurent Schmitt, vice-président Développement durable et responsabilité sociétale, a initié cette journée de rencontre, explique Barbara Ernst, enseignante chercheuse à l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien (IPHC). En effet, lors de l’évènement, des perspectives variées ont été explorées, allant de la chimie à la physico-chimie en passant par les géosciences, confirme Jean Schmittbuhl, coordinateur de l'Institut thématique interdisciplinaire Géosciences pour la transition énergétique (ITI GEOT), l’hydrogène, étant par nature, une thématique interdisciplinaire.

En fonction de l’origine des ressources utilisées, de son procédé de fabrication, l’hydrogène peut être qualifié de bleu, turquoise, vert, rose, gris… C’est l’arc-en-ciel de l’hydrogène

En fonction de l’origine des ressources utilisées, de son procédé de fabrication, l’hydrogène peut être qualifié d’hydrogène bleu, turquoise, vert, rose, gris… C’est l’arc-en-ciel de l’hydrogène. Rassembler les différents acteurs du site strasbourgeois a montré que les recherches de l’Université de Strasbourg s’étendent sur une large palette de cet arc-en-ciel, du bleu, hydrogène produit par reformage et capture du dioxyde de carbone, au vert, hydrogène produit par électrolyse de l’eau à partir de ressources renouvelables comme l’éolien ou le solaire, ou par procédés biologiques utilisant la biomasse, ajoute Barbara Ernst.

Des applications potentielles pour la société

Des applications potentielles pour la société, comme le relève Jesica Murray, chercheuse associée à l’Institut Terre et environnement (Ites) : La présence d'une trentaine d'institutionnels, d'entreprises et d’associations locales et de la région Grand Est à notre évènement témoigne de l'importance accordée au thème de l'hydrogène et de la manière dont nos recherches peuvent avoir un impact direct sur la transition énergétique. Une communication en climatologie a également montré dans quelles conditions l’hydrogène constitue un réel levier de décarbonation à l’échelle mondiale et quels sont les écueils à éviter, tout en dégageant plusieurs pistes de recherche dans ce domaine, souligne Laurent Schmitt.

Cette première étape ouvre de nombreuses perspectives intéressantes, incluant la création d'un espace de réflexion et de coordination pour construire des projets communs : Cette rencontre a non seulement réuni les disciplines du site mais aussi plusieurs générations de chercheurs avec un véritable élan intergénérationnel et international, souligne Tristan Asset, chargé de recherche CNRS à l’Institut de chimie et procédés pour l’énergie, l’environnement et la santé (Icpees). La nécessité d’une formation transversale pour les doctorants a par ailleurs été mise en avant, afin de leur permettre de réfléchir à cette thématique et de partager les meilleures pratiques.

C’est donc un premier pas dans la structuration de la communauté travaillant sur l'hydrogène à Strasbourg, avec un potentiel considérable pour dynamiser les initiatives locales et nationales autour de ce vecteur énergétique prometteur. Nous souhaitons par exemple créer une vitrine technologique de production d’hydrogène sur le campus de Cronenbourg, ce qui nous permettrait de proposer une montée en échelle des procédés suffisamment matures développés dans les laboratoires, confie Barbara Ernst. Et pourquoi pas, sur le long terme, mettre en place des vélos à hydrogène pour relier les différents campus de l’université.

Un temps fort pour initier un projet de longue durée sur l’hydrogène

L'événement « H2 Unistra - Journée plénière de l’hydrogène », tenu le 17 juin 2024 à Strasbourg, a rassemblé une centaine de participants, représentant bien les communautés locales investies, notamment le CNRS, la Fédération de recherche en environnement et durabilité (Fered), les Instituts thématiques interdisciplinaires Géosciences pour la transition énergétique | GEO-T et Matériaux hiérarchiques et fonctionnels avec applications dans les domaines de la santé, de l'environnement et de l'énergie | HiFunMat, l’École européenne de chimie, polymères et matériaux (ECPM), notamment les chercheurs et doctorants des laboratoires Institut de chimie et procédés pour l'énergie, l'environnement et la santé (Icpees), Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien (IPHC) et Institut terre et Environnement (Ites), ainsi que les institutionnels et les industriels intéressés ou parties prenantes de la filière hydrogène. Le programme comprenait un panorama des différentes facettes de la décarbonation de la production d'hydrogène, avec des présentations sur les projets en cours bénéficiant d’un PEPR (Programme et équipement prioritaire de recherche), ou soutenus par l’Agence de la transition écologique (Ademe) et la Région Grand-Est, ainsi que des sessions thématiques sur l'optimisation de la production d'hydrogène par voie catalytique ou biologique, les facteurs environnementaux par analyse du cycle de vie et l'hydrogène natif, sans oublier les impacts climatiques et sociétaux de la production d'hydrogène.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Mots-clés

Mots-clés associés à l'article :

Changer d'article