Par Marion Riegert
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QUSTEC, la fin d’un programme qui fait rimer éducation et innovation dans le domaine quantique

Après quatre années et 36 doctorants formés, le programme doctoral international et interdisciplinaire « Science et technologies quantiques au Campus européen » (QUSTEC), coordonné par Eucor - Le Campus européen, prend fin.

La genèse

Tout commence en 2016. L’intérêt pour les sciences et les technologies quantiques ne cesse de croître dans le monde et en Europe. Afin de créer un pôle compétitif au niveau international, les universités de Bâle, Fribourg-en-Brisgau, Strasbourg, Karlsruhe et l’entreprise IBM Research Zurich décident d'allier leurs savoirs en la matière. Sous la bannière d’Eucor - Le Campus européen, ils répondent à un appel à projet du programme Horizon 2020 qu’ils remportent en 2019. Nous avons des collègues de très haut niveau en sciences et technologies quantiques, avec des thématiques de recherche très complémentaires, raconte Guido Pupillo, directeur scientifique de QUSTEC et chercheur au sein du Centre européen de sciences quantiques de l'Institut de science et d'ingénierie supramoléculaires (Isis – CNRS/Unistra), qui précise que c’était le premier projet européen commun porté par Eucor.

L’objectif

Physique, chimie, science des matériaux, informatique à l’échelle atomique, du fondamental à l’appliqué, le programme QUSTEC vise à relever les grands défis de la science quantique d’aujourd’hui.

Le fonctionnement

Chaque étudiant est supervisé par des mentors des différentes universités et d’entreprises afin de créer une complémentarité

36 doctorants sont recrutés, dont 10 rattachés à Strasbourg. Nous avons eu plus de 500 candidatures du monde entier. Il y a eu un gros travail de sélection. Pour éviter les différences de traitement, le cadre du doctorat, qui diffère en fonction des pays, est uniformisé pour les étudiants du programme. Il dure ainsi quatre ans contre trois en France ou jusqu’à cinq en Allemagne. Chaque étudiant est supervisé par des mentors des différentes universités et d’entreprises afin de créer une complémentarité. Dans le cadre du programme, les étudiants ont accès à des cours dans les quatre universités partenaires et doivent effectuer deux stages de deux mois minimum en entreprise ou dans les universités partenaires.

Le bilan

A l’issue des quatre ans, les doctorants ayant défendu leur thèse l’ont tous obtenue, ceux arrivés en cours de route ont bénéficié d’une prolongation pour terminer leur projet, se réjouit Guido Pupillo qui souligne également la naissance de nouvelles collaborations et une intégration européenne réussie. Côté difficultés, le chercheur évoque l’épidémie de Covid-19, mais aussi de nouveaux défis entre universités et entreprises. Les technologies quantiques ont énormément progressé depuis le début du programme. La  question des droits de propriété intellectuelle lors des détachements d’étudiants dans le secteur privé s’est posée à plusieurs reprises. Si un étudiant fait une découverte dans une entreprise, à qui appartient-elle ? Pour de futures collaborations, il faudra fixer un cadre plus précis afin de simplifier les collaborations entre universités et industries. L’Union européenne vient également de donner des lignes directrices à ce sujet.

Le futur

Les universités membres d’Eucor - Le Campus européen ont répondu à un nouvel appel à financement Horizon Europe en vue de lancer un nouveau projet pour faire suite à QUSTEC. Les universités partenaires vont – le cas échéant – être élargies avec la participation de Mulhouse, mais aussi d’universités d’EPICUR*, l'alliance universitaire européenne coordonnée par l’Université de Strasbourg. Nous avons contacté Amsterdam et Poznan qui ont un excellent niveau dans ce domaine. Les entreprises ne seront plus dans les partenaires initiaux. Elles seront choisies par la suite par les étudiants en définissant dès le départ la nature des interactions. Sept étudiants supplémentaires devraient être recrutés avec un focus sur l’informatique et les capteurs quantiques. La réponse est attendue pour juin.

* European Partnership for an Innovative Campus Unifying Regions

Le financement

Le programme doctoral a bénéficié d’un financement sur cinq ans d’un montant total de 9,1 millions d’euros. Une partie des fonds provient du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne dans le cadre de la convention de subvention Marie Skłodowska-Curie COFUND*. L’autre partie vient des organisations partenaires participantes ainsi que de Santander University, le plus grand sponsor privé de l’enseignement supérieur au monde, selon une étude de l’UNESCO.

* Numéro 847471

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