Retour sur le passé verdoyant d’un des plus vastes déserts du monde
Dans une étude conduite par une équipe internationale pilotée par l’Université de Genève (Unige), des scientifiques se sont intéressés au Quart Vide, un immense désert de la péninsule Arabique, peuplé autrefois de rivières et de lacs. Ces travaux parus dans « Nature Communications Earth & Environment » éclairent l’impact des cycles climatiques sur les paysages et les sociétés humaines.
Après le désert du Sahara, Abdallah Zaki, premier auteur de l’étude, ancien chercheur de l’Unige, actuellement post-doctorant à la Jackson School of Geosciences de l’Université du Texas, s’intéresse au Quart Vide. Ce désert, occupant près de 650 000 kilomètres carrés, principalement sur le territoire de l’Arabie saoudite, est un des plus vastes du monde.
Abdallah Zaki est lui-même spécialiste des anciennes rivières, il a identifié dans le Quart Vide un réseau de rivières qui alimentaient un lac, c’est pour cela que nous avons développé une collaboration scientifique depuis quelques années. Au laboratoire, nous avons une expertise sur les lacs des zones arides (Sahara-Sahel, Rift est-africain, Australie), le désert d’Arabie constitue une nouvelle zone à explorer
, rapporte Mathieu Schuster, chercheur à l’Institut Terre et environnement de Strasbourg (Ites - CNRS/Unistra/Engees), spécialiste des paléo-lacs.
Une forte baisse des précipitations
L’étude de cette zone encore peu documentée, permet d’apporter un éclairage sur la période humide arabe, une période qui s’étend de moins 11 000 à moins 5 500 ans durant laquelle les précipitations étaient plus fortes. Le lac ancien mis en évidence a atteint son apogée il y a environ 8 000 ans. Mesurant 1 100 km2, c’était un lac massif. Soit 40 fois le lac d’Annecy
, souligne Mathieu Schuster.
Une faune et une flore diversifiées et des populations humaines
La zone n’était alors pas un désert stérile, mais était occupée par une faune et une flore diversifiées et des populations humaines. Il y a 6 000 ans, la région a connu une forte baisse des précipitations, ce qui aurait créé des conditions sèches et arides, forçant les populations à se déplacer. Ces changements se sont opérés de manière plus lente qu’aujourd’hui, et sont dus à des phénomènes naturels : la variation de l’axe d’inclination de la Terre.
Prédire les conséquences du changement climatique
L’étude qui marque le début de la cartographie des anciens réseaux hydrographiques de l’Arabie, est basée sur l’imagerie satellite complétée par des observations et prélèvements de terrain.
En plus de la restitution des paysages du passé, les nouvelles connaissances ainsi produites permettent notamment de calibrer des modélisations climatiques qui servent à évaluer les conséquences environnementales d’une perturbation du climat. Sans oublier d’avancer sur la compréhension de l’histoire de la planète Mars. Les zones désertiques de la Terre servent d’analogues pour comprendre les processus qui ont façonné la surface de la planète rouge.
Retrouvez l'article dans Nature Communications Earth & Environment