Par Marion Riegert
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La Faculté de théologie catholique fête ses 100 ans dans l’université publique française

Seule faculté de théologie catholique en France à être intégrée à une université publique, la Faculté de théologie catholique de l’Université de Strasbourg fête les 100 ans de son maintien dans l’université d’État en France. L’occasion de s’intéresser à cette faculté unique en son genre.

Ce vendredi 10 novembre, un colloque célèbre l’échange des lettres des 10, 16 et 17 novembre 1923 entre monseigneur Bonaventura Cerretti, nonce apostolique en France, et Raymond Poincaré, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, qui permet de maintenir la Faculté de théologie catholique dans l’université de Strasbourg.

En France, les facultés de théologie ont été exclues des universités au 19e siècle d’où la création des instituts et universités catholiques privés, rappelle Marc Feix, doyen de la Faculté de théologie catholique qui précise que l’Université de Lorraine bénéficie également d’un Institut de théologie aujourd’hui non confessionnel.

Un public de laïcs et de croyants

Financée par le ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, la Faculté de théologie catholique dispose de la double tutelle de ce ministère et du dicastère pour la Culture et l’éducation du Saint-Siège.

Au programme des enseignements : La Bible, la théologie, la philosophie, l’histoire, l’éthique ou encore le droit canonique. L’avantage d’être dans une université d’État, c’est d’être en rapport avec les autres disciplines et travailler l’interdisciplinarité.

Pour quel public ? Nous avons des croyants mais aussi des non-croyants. Il y a beaucoup de doubles cursus venant de la Faculté d’histoire ou d’histoire de l’art ou encore de la Faculté des lettres pour l’étude de l’Antiquité chrétienne notamment. Sans oublier, des personnes qui souhaitent travailler dans des institutions en lien avec la théologie, la médiation sociale ou le journalisme spécialisé.

Des diplômes d’État et des diplômes canoniques

La faculté forme également les prêtres du Diocèse de Strasbourg, une vingtaine par an. Nous avons aussi des prêtres déjà ordonnés notamment d’Afrique qui viennent en Master. Elle délivre ainsi des diplômes d’Etat et des diplômes canoniques. Il faut jongler entre les deux systèmes qui sont décalés en termes d’années. Par exemple, une licence canonique représente 7 ans d’études. La diplomation canonique est conférée par l’évêque et concerne uniquement la mention de théologie catholique, parcours théologie catholique.

Autre particularité : Strasbourg peut délivrer des diplômes d’État en théologie et droit canonique aux universités privées. Nous avons une convention avec l’Université catholique d’Angers qui pourrait s’étendre à d’autres instituts privés.

Côté effectifs, la faculté compte près de 700 étudiants, de la licence au doctorat et en diplômes d’université, 27 enseignants-chercheurs titulaires ou contractuels et une quarantaine de vacataires. Nous gérons également deux postes à l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem, souligne Marc Feix.

Un peu d’histoire

La Faculté de théologie catholique est créée par la convention du 5 décembre 1902 entre le Saint-Siège et le gouvernement impérial allemand dans la Reichsuniversität. Dès 1872, après l’annexion, Bismarck a voulu créer une faculté de théologie catholique notamment pour contrôler la formation des prêtres alsaciens jugée trop francophile, rapporte Marc Feix.

Après 1919, une fois l’Alsace revenue à la France, la question de l’application de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État est posée. Un échange de lettres a lieu entre le président Poincaré et monseigneur Cerretti pour maintenir la Faculté de théologie catholique dans l’université. L’accord débouche sur un décret qui parait au Journal officiel de la République française du 31 mai 1924 et fixe l’introduction des lois et décrets s’appliquant aux facultés de théologie catholique et protestante de l’université de Strasbourg.

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