Par Marion Riegert
Temps de lecture :

Etudier les altérations sensorielles liées au vieillissement

Olivier Després et son équipe « douleur et vieillissement » du Laboratoire de neurosciences cognitives et adaptatives (LNCA – CNRS/Unistra) ont obtenu un financement exploratoire de l’Initiative d’excellence pour travailler sur les altérations sensorielles liées au vieillissement et notamment développer un appareil dédié à l’étude d’un de ses paramètres.

Dans le cadre de cette recherche, les scientifiques du LNCA s’intéressent au système somesthésique. C’est un des systèmes sensoriels de l’organisme qui regroupe la perception thermique, tactile et de la douleur. Dans ce système, les informations sont envoyées au cerveau par des fibres nerveuses : les fibres Aβ transportent l’information tactile. Les Aδ l’information du froid et de la douleur et les fibres C le chaud et la douleur, explique Olivier Després qui précise que la plus rapide est la fibre tactile qui véhicule l’information en 40 mètres par seconde.

Contrairement aux fibres Aδ et C, cette dernière est peu étudiée. Dans le cadre de nos tests, nous utilisons des méthodes subjectives avec des tests sensoriels quantitatifs durant lesquels nous générons des stimuli douloureux et demandons au sujet de les quantifier. Mais aussi des techniques objectives à l’aide d’un électro-encéphalogramme, où l’on mesure la réponse cérébrale à un stimuli sensoriel douloureux ou non.

Développer un stimulateur tactile

Problème, pour les fibres Aβ, il n’existe pas ou peu de stimulateurs tactiles permettant d’effectuer ces mesures. Un tel appareil a été développé au sein de l’équipe de recherche du LNCA. Cela nous permet d’étudier les trois perceptions, thermique, tactile et de la douleur, en même temps et de savoir si la perception sensorielle se modifie de la même manière dans les trois fibres. Le tout de façon non invasive, sans avoir recours à des techniques comme la biopsie.

Un outil prometteur pour un suivi personnalisé des capacités sensorielles

Le financement exploratoire a servi à recruter une soixantaine de personnes pour chaque étude du projet (environ 30 séniors et 30 jeunes, pour le groupe témoin). Nous avons fait des tests de faisabilité. Deux études ont déjà été publiées montrant la fiabilité du dispositif. Certains facteurs peuvent modifier l’amplitude de ce que l’on évalue comme l’attention, le niveau d’éveil, la période de la journée, note le chercheur qui précise que ce stimulateur tactile ouvre des perspectives au-delà de la recherche fondamentale. 

Il pourrait, à terme, contribuer au diagnostic de troubles sensoriels liés à l’âge ou à certaines neuropathies, et servir à évaluer l’efficacité d’interventions thérapeutiques. Son usage non invasif en fait un outil prometteur pour un suivi personnalisé des capacités sensorielles.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Mots-clés

Mots-clés associés à l'article :

Changer d'article