Par Elsa Collobert
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« On était là, on a tenu la barre pour les étudiants »

Tous se sont mobilisés pendant la crise sanitaire pour venir en aide aux nombreux étudiants en difficulté : des particuliers et des entreprises, les dons ont afflué en direction de la Fondation, 550 000 € au total, redistribués par des services très impliqués. Acteurs de terrain et donateurs se sont retrouvés lors d’un événement dédié, jeudi 28 juin. Ils s’y sont souvenus avec émotion de la période des confinements et de ses suites, dont des leçons ont été tirées… souvent pour le meilleur, et toujours au service du bien-être des étudiants. Le fonds a aujourd’hui vocation à être pérennisé.

Magali Bonometti, infirmière au Service de santé universitaire (SSU)

« Très rapidement, notre service s’est retrouvé en première ligne pour répondre à la détresse étudiante : détresse sociale, psychologique aussi. Nous avons tenu à maintenir le lien, en assurant dès les débuts une permanence. D’abord par courriel, puis via la plateforme Doctolib. Une évolution positive, puisque la liste des motifs de consultations proposées aux étudiants leur permet mieux connaître tout le panel de notre offre : gynécologie, tabacologie, nutrition, gestion du stress... Dernièrement un nouveau motif, l’écoute, est proposé, pour ceux qui n’oseraient pas franchir le pas d’aller consulter un psychologue. Dès que le confinement a été levé, nous avons repris nos actions de dépistage, car la vie a continué durant cette période.

Grâce à la fondation, nous avons pu offrir, au cas par cas, des chèques destinés à acquérir des produits de première nécessité (alimentation, hygiène, habillement), pour un montant total de 20 000 €. Nous avons aussi pu proposer des prises en charge gratuites d’analyses médicales, grâce à des partenariats noués avec des laboratoires.

Nous avons été confrontés à des situations bouleversantes, des témoignages nous ont ému aux larmes, d’étudiants en situation de grande précarité, sans logement. Ou d’autres, étrangers, tout juste arrivés, enfermés dans quelques mètres carrés sans avoir eu le temps de comprendre le fonctionnement de l’université ni de nouer des contacts. Les retours et remerciements qu’ils ont pu nous faire nous ont aussi fait chaud au cœur. »

Michel Koebel, cellule de veille et d’alerte étudiants internationaux

« L’irrégularité administrative dont sont victimes de nombreux étudiants internationaux entraîne en cascades d’autres difficultés : logement, nourriture. Nous le savions, mais cela s’est révélé avec une acuité particulière lors de la crise sanitaire.

Notre cellule, créée en 2012 à l’initiative de personnels engagés, syndiquées ou non, était jusqu’à présent essentiellement intervenue pour épauler des étudiants perdus face aux méandres de l’administration française. Mais au printemps 2020, nous avons fait face à des difficultés criantes, de l’ordre de la survie. Nous ne pouvions pas rester les bras croisés. Nous avons donc donné de notre poche, par exemple pour apporter des colis de produits de première nécessité, y compris d’hygiène, à des familles malades et confinées. Face à cette situation, Mathieu Schneider, vice-président Culture, science-société et actions solidaires, a agi rapidement pour mettre en place un fonds d’urgence, pour les situations les plus préoccupantes. Actuellement nous bénéficions de 20 000 € annuels, abondés à parts égales par la Contribution vie étudiante et de campus (CVEC) et la Fondation.

Il ne peut dans tous les cas s’agir que d’un soutien provisoire. Nous n’avons pas vocation à nous substituer à des services sociaux tels que ceux du Crous, qui font très bien leur travail et avec qui nous sommes d’ailleurs régulièrement en contact. »

Fabienne Rakitic, Mission handicap du Service de la vie universitaire (SVU)

« Si cette crise a eu une vertu, c’est de faire comprendre à tous ce que veut dire ‘’être empêché’’ ! Nos étudiants porteurs de handicap le sont toute l’année. Quand le confinement est arrivé, nous avons paré au plus pressé : la priorité était de conserver le lien, par tous les moyens – appel, SMS, visio… Pour beaucoup, nous étions le premier interlocuteur au sein de l’université. Nous avons pu mettre à leur disposition des ordinateurs acquis par la Fondation, pour suivre les cours et passer les examens.

Les besoins étaient nombreux, notamment pour accompagner le basculement des pratiques pédagogiques : nous avons obtenu des heures supplémentaires pour la rémunération des tuteurs étudiants.

1 300 étudiants en situation de handicap suivis par la mission en 2022

 

Pour certains, paradoxalement, le changement a été bénéfique : meilleure lecture sur les lèvres pour les déficients auditifs ; coopération avec les enseignants pour le basculement en distanciel ; dialogue renforcé avec les enseignants, au retour en cours, autour des masques inclusifs ; davantage d’aisance pour les autistes – avec aujourd’hui l’enjeu du retour en présentiel ! Nous avons ainsi pu obtenir le financement d’un poste de tuteur étudiant formé à l’accompagnement des étudiants à besoins spécifiques, ce qui recouvre tous les troubles du spectre autistique.

Mais pour une part non négligeable de nos étudiants, la détresse psychologique s’est rapidement manifestée. Cela a encore renforcé nos liens avec nos interlocuteurs autour de la santé mentale, Camus, psychologues et psychiatres. »

Damien Braun, Direction du numérique

1 200 ordinateurs distribués

« La crise sanitaire a agi comme un catalyseur, accélérant la mise en place d’évolutions que nous pressentions. Quand le confinement est arrivé, une priorité s’est imposée : assurer la continuité pédagogique et administrative. Nous avons tenu à mettre en place un logiciel maison, respectueux de la protection des données, ce qui a nécessité un temps de développement plus long que si nous avions adopté une solution privée. Grâce à l’achat de serveurs, nous avons pu déployer BBB et équiper une vingtaine d’amphithéâtres de matériel de streaming. Pour le télétravail, nous avions eu le nez creux en développant un VPN, permettant d’absorber un maximum de connexions simultanées, dès le début de l’année 2020. La montée en charge de nos solutions – streaming, Moodle, POD – et le nombre d’utilisateurs a suivi !

Côté étudiants, nous avons travaillé directement avec la fondation pour distribuer des ordinateurs à ceux qui en avaient besoin : 1 200 au total, ainsi que 500 clés 4G pour la connexion à internet. La grande majorité de ces machines ont été fournies par la Fondation, certains fournis par des entreprises partenaires. Pour la remise en état d’ordinateurs donnés au sein de l’université, nous avons pu faire travailler six étudiants en informatique pour installer les nouveaux systèmes d’exploitation. De nombreux acteurs ont été sur le pont aux côtés de la DNum, mobilisée « en mode commando » : les bibliothèques, le Service des sports, la Faculté des sciences du sport, l’Institut de développement et d'innovation pédagogiques (Idip), les équipes de proximité dans les composantes, l’Amicale des informaticiens de l’Université de Strasbourg, la Direction générale des services (DGS)… »

Une campagne marquée par des dons de particuliers

La campagne de dons au profit des étudiants durant la crise sanitaire est originale à bien des points de vue : habituellement lors des campagnes, les donateurs sont en majorité des entreprises. Pour celle-ci, les donateurs sont des particuliers à 97 %, ayant abondé le fonds à hauteur de 213 000 €, soit 48 % de la somme totale récoltée (les entreprises, moins nombreuses, abondent le fonds avec des sommes plus conséquentes).

Découvrez le profil détaillé des donateurs particuliers :

440 000 € ont été collectés par la Fondation pour le fonds d’urgence durant la crise sanitaire. A cette somme, il convient d’ajouter des dons en nature, à hauteur de 105 000 € (dons d’ordinateurs de Socomec, Lenovo et la MGEL ; dons de masques de Mitwill Textiles Europe)...

Les entreprises représentant quant à elle 36 donateurs et ont donné au total 227 000 € au fonds d’urgence.

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