Savoir(s)

A l’origine, elle pensait mener son challenge discrètement. Mais un courriel à la mission Développement durable à l’origine d’un quiproquo en aura décidé autrement. Je leur ai écrit pour savoir si je pouvais participer au challenge, même avec quelques kilomètres. Ils m’ont proposé de mettre en avant mon histoire. J’ai hésité et je me suis dit : "Si ça peut inspirer d’autres personnes handicapées ou invalidées comme moi à se remettre au vélo, pourquoi pas ?"

Samiya Safer revient de loin. Il y a quatre ans jour pour jour, elle est victime d’un grave accident de la route. Il la laisse polytraumatisée, cassée en morceaux,  polyfracturée (bassin, buste, trauma cranien). J’ai passé neuf mois à l’hôpital et la rééducation a été longue et continue à ce jour. Au départ, on ne savait pas si j’allais remarcher, peu de probabilités, et si oui, on ne savait pas comment. Pourtant, elle s’accroche et parvient à retrouver sa mobilité.

Nouvelle étape de guérison

Aujourd’hui, son souhait de se remettre au vélo peut s’apparenter à une nouvelle étape de guérison. J’y pensais depuis un moment. Je me désolais de voir mon vélo rouiller dans mon jardin. Ce sont les encouragements d’un ami, qui travaille au CNRS de Cronenbourg proche de chez moi, qui ont été le déclencheur, explique Samiya, sans jamais se départir de son large sourire.

Il m’a accompagnée deux fois, dans les premiers kilomètres, autour de chez moi. Au final, cela en représentera une dizaine. Une goutte d’eau à l’échelle du challenge, mais pour moi c’est un pas énorme de franchi, explique celle qui est aussi danseuse et chorégraphe. Une passion avec laquelle elle renoue aussi pas à pas.

« Bonheur et liberté »

Une fois sur sa bicyclette Gitane, Samiya évoque le bonheur de retrouver cette liberté qu’offre ce moyen de transport. J’en ai marre de ne plus prendre que la voiture, le seul moyen de transport dans lequel je me sens encore en confiance, parce que je maîtrise en étant au volant.

Le corps a une mémoire extraordinaire, s’enthousiasme-t-elle. Même si surmonter mon appréhension de la chute et de la circulation sans protection autour de moi, me concentrer et me détendre me demande beaucoup d’efforts – et me laisse très fatiguée – j’ai l’impression de retrouver des sensations d’équilibre très anciennes.
Prochaine étape ? Dans un an, pour le challenge suivant, je compte bien réaliser les 12 kilomètres aller-retour qui me séparent de mon lieu de travail !