« Mettre en discours les contenus scientifiques »
Parcours du public, ordre d'apparition des spécimens, sons, lumières, dispositifs pédagogiques et interactifs… Après sept ans d’un patient travail collectif, Camille Duret, chargée de projet en tant que muséographe au sein du Jardin des sciences (JDS), voit prendre vie sous ses yeux les scénarios imaginés pour valoriser les collections du Musée zoologique de la Ville de Strasbourg. Retour sur un rôle pivot, à quelques heures de la réouverture au public, ce vendredi 19 septembre.
Scénographes, manipeurs, graphistes… On n’a pas idée de tous les métiers qui se cachent derrière les parcours d’exposition d’un musée !
sourit Camille Duret. C’est à la confluence de toutes ces activités que se trouve son rôle à elle , un peu à la manière d’une cheffe d’orchestre, mettant en musique la partition du Musée zoologique et de ses riches collections : La création d’une exposition est avant tout un travail collectif
, insiste-t-elle. Mon rôle est de faire le lien entre tous les intervenants, tout en gardant le cap des objectifs fixés.
Quels supports et média choisir pour tel sujet, quel agencement pour quel dispositif ? Derrière chaque décision se cache une réflexion consciente.
Un entonnoir
Comme on ne peut pas tout montrer, mon travail consiste constamment à arbitrer.
Première étape sur sa feuille de route : Aller à la rencontre des spécialistes, pour apporter une caution scientifique au discours mis en avant dans le parcours muséal
. Biologistes de l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire (IBMC), écologues et géographes du Laboratoire image ville environnement (Live, Unistra), océanographes à Sorbonne Université… Ils sont très présents en début de processus, et de nouveau à la fin, pour les dernières vérifications. Je suis partie des grandes lignes directrices fixées, pour affiner au fur et à mesure le discours
, précise Camille Duret, soulignant que la méthodologie de travail s’assimiler à un entonnoir
. Chacune des étapes est supervisée par les chefs de projets, une direction bicéphale dans le cas du Musée zoologique, assumée par Sébastien Soubiran (JDS) et Samuel Cordier (Musées de la Ville)*.
Une fois les savoirs appropriés et digérés par la muséographe, place à l’établissement des scénarios de parcours de visite. Il faut bien avoir conscience qu’ensuite, toutes les étapes se juxtaposent
, et ce sur plusieurs années. Il faut sans cesse jongler entre les échéances, les interventions de corps de métiers… Savoir s’adapter, aussi : On a beau être attaché à une idée, si on se rend compte qu’elle ne résiste pas à l’épreuve de la réalité, il faut rebondir sur autre chose
. Un jeu d’observation des pattes et becs d’oiseaux s’est ainsi transformé en explication ludique de la sélection naturelle
. Son métier réserve même à Camille quelques belles surprises : Le résultat peut être encore mieux en vrai qu’imaginé !
Cohérence
La muséographe, diplômée du master du Museum national d’histoire naturelle (MNHN), garde constamment à l’esprit l’adaptation des outils aux messages véhiculés, et aux publics cibles : frise graphique, jeu, vidéo, dessin, maquette… Mais aussi au budget à disposition !
Avec une constante : un accès le plus universel possible. Le nouveau musée est bien sûr pensé pour les personnes à mobilité réduite.
Autre exemple avec les moulages d’animaux dans les salles totems, d’abord pensés à destination des déficients visuels, mais dont d'autres visiteurs se saisiront aussi certainement
. Côté contenus, on s’efforce de ne pas faire trop long, mais il ne faudrait pas tomber dans l’excès inverse non plus
.
Autre maître-mot : la cohérence. De ce point de vue, Camille est particulièrement fière : Le résultat ne fait pas patchwork, malgré la multiplicité des intervenants
. Elle est fière du travail d’équipe accompli, avec par exemple la maquette du Rhin figurant l’évolution du fleuve, corrigé puis canalisé. Un autre exemple de dispositif dont je suis contente du résultat, et qui est aussi le fruit d’un travail collaboratif, c’est le jeu de l’oie sur les aléas de recherches, dans l’exposition “Petits insectes, gros enjeux”, et qui est aussi accessible aux non-voyants. Ça fait partie du plaisir : partir d’éléments complexes et les vulgariser, à travers un dispositif en apparence simple
.
* L’institution est placée sous ces deux tutelles : les collections sont propriété de la Ville, les murs de l’université. Le projet de rénovation du Musée zoologique a été mené conjointement par les Musées de la Ville et le Jardin des sciences de l'Université de Strasbourg.
- Rendez-vous à partir du vendredi 19 septembre, 14 h, pour un week-end de festivités à l'occasion de la réouverture du Musée zoologique au public et des Journées européennes du patrimoine : programme complet
À l'occasion de la réouverture du Musée zoologique, une partie du quartier piétonnisé
Après six ans de travaux, le Musée zoologique rouvre officiellement ses portes, vendredi 19 septembre, à 14 h. Les 19, 20 et 21 septembre, à l’occasion de cette réouverture et des Journées européennes du patrimoine, un week-end exceptionnel a été programmé par le Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg et le service des Musées de la Ville de Strasbourg.
Afin de garantir la sécurité des publics attendus en nombre, et en concertation avec la Ville et les services compétents, il a été décidé de piétonniser une partie du quartier.
Des restrictions de circulation ou interdiction de stationnement seront donc mises en place vendredi 19 septembre de 13 h à 00 h, samedi 21 et dimanche 22 septembre, de 9 h à 19 h. Elles concernent la rue de l'Université (entre rue Lobstein et rue Blessig), la rue Lobstein et une partie du boulevard de la Victoire qui seront interdites au stationnement et à la circulation.
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