Le master qui fait dialoguer les religions
Le master d’études interreligieuses est interconfessionnel, international et interdisciplinaire. Portée par la Faculté de théologie catholique, cette formation veut apporter des réponses académiques à des questions liées à la cohabitation des religions dans nos sociétés.
En 2017, Francis Messner, directeur de recherche émérite du laboratoire CNRS Droit, religion, entreprise et société (Dres), mettait en place un programme transfrontalier intitulé Inter-Religio, réunissant les universités de Bâle, de Heidelberg, de Tübingen et de Strasbourg, ainsi que la Hochschule für jüdische Studien (Haute école des études juives) de Heidelberg, pour mener une réflexion universitaire sur les fondements du dialogue religieux. Parmi les livrables de ce programme Interreg, figurait la mise en place d’un master dédié aux études interreligieuses, qui a démarré en 2018 avec seize étudiants.
Un accord de coopération entre tous ces établissements partenaires a été signé en 2019. Ce master propose un parcours francophone, Études interreligieuses, entièrement dispensé à l’Université de Strasbourg. Il offre aussi un cursus international, Interreligious Studies, qui bénéficie des ressources des trois universités de Bâle, Heidelberg et Strasbourg. Les étudiants y ont pour obligation de valider au moins 30 crédits (ECTS) dans le programme de leur université d’origine et 30 crédits dans l’une des autres universités partenaires.
Comparer pour mieux se connaitre
Le dialogue interreligieux favorise la perception de sa propre position confessionnelle ou convictionnelle par la découverte de celle d’autres religions
, explique Denis Fricker, professeur en exégèse du Nouveau Testament et responsable du parcours international. Pour citer un exemple issu de la formation : le séminaire « Textes et traditions fondateurs » convoque plusieurs spécialistes autour de l’étude et des traditions d’interprétation de la Bible, du Coran, ou des canons bouddhiques. La découverte de ces différentes traditions demande un investissement considérable. Ainsi la proposition de s’initier à au moins une langue de textes fondateurs (hébreu, grec, arabe, etc.) sensibilise à la question de la traduction et donc de l’interprétation.
« L’approche est interdisciplinaire, avec les apports des sciences historiques, des sciences sociales et du droit des religions »
Kyong-Kon Kim, maître de conférences en histoire des religions, spécialiste de l’étude universitaire du bouddhisme et directeur du parcours francophone, précise : Nous proposons d’étudier au moins quatre religions, tout en mettant en comparaison les théologies du judaïsme, du christianisme et de l’islam ainsi que les bouddhologies. L’approche est également interdisciplinaire, avec les apports des sciences historiques, des sciences sociales et du droit des religions
.
Un plus dans la pratique professionnelle
Quel est le profil des candidats et candidates à ce master ? Seuls prérequis : une licence en théologie ou en sciences humaines et sociales, ainsi qu’un intérêt pour les questions de dialogue inter-religieux. Pour le cursus international, il faut aussi maîtriser l’allemand, afin d’être en mesure de suivre les cours à Heidelberg et à Bâle. Chaque année, bien sûr, il y a des inscriptions de ministres de cultes et d’aumôniers. Mais les programmes sont loin de ne solliciter que des clercs ! Cette formation attire aussi notamment des agents de l’administration qui souhaitent élargir leurs compétences en matière de dialogue interreligieux. Cela leur apporte un véritable plus dans l’exercice de leur profession. Je me réfère, par exemple, à des agents de collectivités chargés de l’accueil de populations de cultures variées ou encore à cette éducatrice spécialisée de prévention qui s’interroge sur la radicalisation des jeunes…
Quant aux sujets des mémoires de recherche, ils sont souvent liés à des questions anthropologiques reposant sur différentes religions, mais se déploient dans des thématiques très variées, des droits religieux de l’islam à l’étude comparée du bouddhisme et de la mystique chrétienne, en passant par les signes religieux dans la société française, les textes apocalyptiques dans les traditions juives et chrétiennes ou encore les comparaisons de pratiques méditatives ou funéraires dans le bouddhisme tibétain et dans les rites catholiques…
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