Par Edern Appéré
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3 livres, 3 langues, 4 universités : la recette de rencontres transfrontalières réussies

Strasbourg, jeudi 21 mars, 18h. La salle de réunion de la résidence universitaire Gallia se remplit peu à peu. Sur la table, d’élégantes piles de livres en colimaçon donnent le thème de la soirée. Le club de lecture créé par des volontaires de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse* se réunit ici pour la troisième fois.

Accueillis par Sophie Ebner, volontaire allemande en poste au Crous de Strasbourg, la quinzaine de participants arrive au gré de leurs disponibilités, après parfois de longues journées d’étude. Je ne suis pas très productive ce soir, je suis fatiguée après 8h de cours !, glisse l’une des participantes à sa voisine de table. Ce club de lecture franco-allemand est une initiative née de la volonté de jeunes de part et d’autre du Rhin qui travaillent dans les Studierendenwerke et au Crous, et étudient dans quatre universités d’Eucor – Le Campus européen : à Strasbourg, Mulhouse, Fribourg et Karlsruhe. Des rencontres sont organisées dans chacune de ces villes, autour des mêmes livres.

Au programme de cette soirée, le roman de George Orwell, La ferme des animaux. Après la distribution d’un questionnaire pour guider les échanges, les conversations démarrent dans les deux petits groupes réunis autour de la table : J’ai trouvé que c’était facile à lire car l’auteur fait des phrases simples avec pas trop de vocabulaire, lance une jeune femme. Au fur et à mesure où j’avançais dans le livre je me demandais à quel moment ça allait mal finir !, s’interroge tout haut une autre…

J’aime lire dans plusieurs langues. Je trouve que ce club est une bonne initiative !

Après quelques minutes, le questionnaire est bien vite oublié, les discussions se font plus spontanées et donnent lieu à quelques éclats de rire. L’un des deux groupes bascule sa conversation en anglais. Chacun y va de son appréciation, de ses louanges comme de ses critiques : Je trouve que l’auteur décrit assez peu les sentiments des animaux, c’est dommage, Je n’ai pas du tout vécu de la même manière la Ferme des animaux et 1984, je n’avais pas réalisé que c’était le même auteur qui avait écrit les deux livres !

Littérature et échanges interculturels

Ce qui réunit ces étudiants ? Leur goût commun de la littérature et des échanges interculturels, comme l’explique Marie-Claire, étudiante allemande qui a fait le déplacement depuis Fribourg : J’aime lire dans plusieurs langues. Je trouve que ce club est une bonne initiative ! Et venir à Strasbourg change de mon quotidien à Fribourg.

Assise en face d’elle, sa compatriote Ida qui étudie à Strasbourg au sein du parcours franco-allemand de la Faculté des sciences de la vie, partage le même enthousiasme : Je parle français ici toute la journée. Grâce à ce club, je fais aussi l’effort de lire en français. Et puis c’est très intéressant de pouvoir échanger tous ensemble sur les livres. Ce club est l’occasion de faire des rencontres. Hormis Ida venue avec une camarade de sa formation, aucun des participants ne se connaissait auparavant.

Discussions autour d’ouvrages contemporains

Ces livres apportent un regard critique sur la société et permettent d’avoir de bonnes discussions au sein du club

Les volontaires à l’origine de ce projet ont sélectionné comme programme de lecture en commun L’événement d'Annie Ernaux, pour représenter la littérature française, Der Fall Collini, de Ferdinand von Schirach, pour la littérature allemande et enfin La ferme des animaux pour l’anglais. Ces livres sont tous les trois des ouvrages contemporains, qui apportent un regard critique sur la société et grâce auxquels on peut apprendre des choses. Ils permettent d’avoir de bonnes discussions au sein du club, explique Sophie Ebner.

Grâce à un financement d’Eucor – Le campus européen, les livres ont été remis gracieusement aux participants. À Strasbourg, ils ont été distribués en français. Au début, nous leur avons donné plus de livres en français mais nous avons remarqué que les participants sont beaucoup plus doués en langue que nous l’avions anticipé. Nous allons prochainement leur en fournir davantage en allemand, pour ceux qui veulent lire dans cette langue, indique Sophie Ebner.

Fin mai, l’ensemble des étudiants de ce club franco-allemand se retrouveront à Strasbourg, pour discuter de leurs lectures et passer un moment convivial. Grâce à la littérature, tous parleront d’une même voix.

 

* L’Office franco-allemand pour la Jeunesse a pour mission de favoriser les échanges entre jeunes de France et d’Allemagne. L'une de ses actions est notamment le volontariat franco-allemand. Grâce à ce dispositif des jeunes allemands peuvent venir travailler dans une structure en France et vice-versa.

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