Par Marion Riegert
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Renaud Toussaint, à la chasse aux aurores boréales

Depuis qu’il a vécu en Norvège, Renaud Toussaint, directeur de l'Institut Terre et environnement de Strasbourg (Ites - CNRS/Unistra/Engees), se passionne pour les aurores boréales. Lors de la tempête géomagnétique, du vendredi 10 au dimanche 12 mai, le chercheur était sur le pont, relatant les évènements au fil de l’eau sur le site de l'École et observatoire des sciences de la Terre (Eost).

Aurores boréales en vue en France ! Un orage géomagnétique intense est en cours depuis le 10 mai. C’est ainsi que commence l’article publié sur le site de l’Eost par Renaud Toussaint. Le géophysicien, abonné à des réseaux sociaux de chercheurs spécialisés en champs magnétiques terrestres et solaires et aurores boréales, remarque dès le jeudi que quelque chose se trame. Suite à une grande éruption solaire, j’ai vu que des éjections de masse coronale étaient en approche, pouvant donner lieu à des tempêtes géomagnétiques de grande intensité, et occasionner des aurores boréales jusqu’en France.

Le vendredi 10 mai au soir, alors chez ses parents dans l’Aube, Renaud Toussaint s’installe dans le jardin, d’où il prend une centaine de clichés de 23h à 2h du matin. C’est un petit village, toutes les lumières sont éteintes dès 23h. Ce qui a eu lieu vendredi soir était historiquement intense à nos latitudes. C’est rare qu’il y ait des aurores boréales en France et lorsque c’est le cas, souvent, on ne les remarque pas ou à peine, il y a juste une légère lueur.

De la lumière rouge à la lumière verte

En cas de grosses tempêtes géomagnétiques, elles peuvent descendre à des latitudes encore plus basses

Le phénomène se produit lorsque les grandes arches générées autour des taches solaires se cassent et envoient du plasma composé de différentes particules (protons, électrons, particules alpha) vers la Terre. Si ces dernières sont en grande quantité, elles pénètrent dans l’atmosphère en suivant le champ magnétique, et se concentrent au niveau des pôles. En cas de grosses tempêtes géomagnétiques, elles peuvent descendre à des latitudes encore plus basses, rapporte le chercheur, qui précise que les aurores boréales de vendredi soir ont été visibles jusqu’en Namibie, à 20° de latitude, presque au tropique de l’hémisphère sud.

Il poursuit : Lorsque les particules arrivent dans l’atmosphère, elles interagissent avec les molécules d’oxygène qui, au-dessus de 240 km d’altitude, émettent de la lumière rouge lorsqu’elles se désexcitent. Lorsque ce sont des molécules d’oxygène plus basses qui sont excitées, la lumière émise est verte.

Un pic du cycle solaire

Dans son texte publié le samedi 11 mai, Renaud Toussaint propose différents liens vers des sites spécialisés afin d’aiguiller les curieux pour observer ou tout simplement suivre le phénomène. Si vous habitez à Strasbourg et environs - ou ailleurs partout en Europe, Asie, Amérique à ces moyennes latitudes - levez le nez vers le Nord après 23h samedi 11 ou dimanche 12 mai, écrivait le chercheur, qui précise que les aurores boréales ont été plus discrètes ces jours-là.

Un cycle solaire dure en moyenne 11 ans, celui en cours connaitra son pic en 2025

Le lendemain, il ajoute les photos prises par ses proches et des collègues et doctorants de l’Ites, eux aussi partis le samedi 11 au soir à la chasse aux aurores boréales, au Champ du feu (Bas-Rhin), au-dessus de Schirmeck et à Schalkendorf notamment, avec une très légère lueur au-dessus de Strasbourg. Le phénomène, imprévisible, pourrait se reproduire. Un cycle solaire dure en moyenne 11 ans, celui en cours connaitra son pic en 2025. Il n’y a pas de danger pour la santé à part pour les astronautes qui sortent de la magnétosphère et doivent se protéger en conséquence. En revanche, cela peut impacter les réseaux de communication entre satellites, ainsi que le transport d’énergie dans le réseau électrique.

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