Par Marion Riegert
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Les nuages de poussières sahariennes vecteurs de pollution

Des chercheurs de l'Institut de chimie et procédés pour l'énergie, l'environnement et la santé (Icpees) et de l’Institut de physique et de chimie des matériaux de Strasbourg (IPCMS) ont montré pour la première fois que des molécules cancérogènes issues des combustions se retrouvaient sur des particules de silice d’origine naturelle présentes dans les nuages de poussières sahariennes.

En pleine période de Covid-19 et de restrictions de déplacement, j’ai pu répertorier plusieurs publications montrant les effets bénéfiques du confinement sur la pollution de l’air, raconte Stéphane Le Calvé, chercheur à l’Icpees. Dans le cadre de la thèse d’une de ses doctorantes sur la dépollution de l’air et de l’eau, le chercheur installe un préleveur pour la collecte des particules en fonction de leurs tailles et un analyseur de particules sur le toit de l’École européenne de chimie, polymères et matériaux (ECPM) de Strasbourg. Un lieu représentatif de la pollution de l’air en zone péri-urbaine de Strasbourg.

L’objectif ? Quantifier la pollution particulaire et déterminer les molécules chimiques présentes. Nous avons ciblé les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des molécules cancérogènes issues de toutes les combustions : moteurs thermiques, industries… Notre présentiment était qu’il y aurait assez peu de particules en raison des restrictions.

Un épisode de pollution importante

Durant les mesures en février-mars 2021, deux épisodes de nuages de poussières sahariennes surviennent. Nous les avons monitorés et avons retrouvé de grosses concentrations de HAP sur ces particules. Un élément surprenant pour les chercheurs. D’ordinaire, les molécules de HAP sont absorbées sur des particules de suie car il y a une interaction forte entre les deux et qu’elles sont émises simultanément lors de combustions. Le sable, lui, est constitué de particules de silice avec lesquelles les HAP sont supposés peu interagir.

Un événement a priori peu dangereux devient un épisode de pollution importante

Une découverte publiée dans le journal Atmosphere qui s’explique par le trajet des particules sahariennes. Sur des milliers de kilomètres, elles interagissent avec de nombreux polluants ce qui modifie leur surface et les rend plus à même de capter les HAP, détaille Stéphane Le Calvé qui précise que de nombreuses autres molécules organiques peuvent également être présentes. Un élément jamais montré auparavant faisant d’un événement a priori peu dangereux un épisode de pollution importante en raison de la nocivité de ses particules et de leur concentration importante dans l’air.

L’analyse d’autres prélèvements effectués par la suite est en cours. A l’avenir, il serait intéressant de réaliser des analyses plus poussées pour quantifier toutes les molécules organiques présentes sur ces particules sahariennes. Il nous faudra néanmoins un peu de chance pour observer de tels phénomènes à nouveau car ils restent assez rares.

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